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DÉFAUTS DES
BOIS
I - DÉFAUTS
D'ORIGINE VÉGÉTATIVE
A - DÉFAUTS DUS A LA STRUCTURE
DU BOIS
1°) Présence de l'aubier
2°) Noeuds (origine - forme - types et
inconvénients)
3°) Bois gras et creux.
B- DÉFAUTS DANS LA FORME GÉNÉRALE DES TIGES
1 ° ) Forme conique des fûts
2° ) Courbure des tiges
3° ) Tiges
fourchues
C - DÉFAUTS
PROVENANT D'ANOMALIES DANS LA FORMATION
1° )Excentricité du coeur
2° ) Irrégularité des couches annuelles
3°
) Cannelures du tronc
4° ) Veines résineuses
5° )
Entre-écorce
D - DÉFAUTS DUS A LA DISPOSITION DES ÉLÉMENTS DU
BOIS
1°) Torsion des fibres
2°) Fibre ondulée (ronce)
3°) Contre
fil
4°) Bois madrés
5°) Broussins et loupes
II - DÉFAUTS
DUS A DES CAUSES EXTÉRIEURES
A - CAUSES CLIMATIQUES (froid, chaleur,
foudre etc. . . )
1° ) Gélivure
2°) Roulure
3°) Fentes de sécheresse (coups de
soleil) - gerçures
4°) Fissures internes
5°) Coeurétoilé - Cadranures.
B - ACTION DES VÉGÉTAUX
PARASITES
1°) Le gui
2°) Les plantes sarmenteuses : lierre, chèvrefeuille,
clématite.
3°) Chaudron ou dorge .
4°) Chancre
5°) Rouille vésiculeuse
C - BLESSURES
1°) Par les animaux (mammifères : ruminants et rongeurs, oiseaux)
2°)
Par élagage naturel, artificiel ou accidentel
3°) Frottures
4°) Marques
diverses
5°) Corps étrangers
6°) Accidents d'abattage et de
débit.

I - DÉFAUTS
D'ORIGINE VÉGÉTATIVE
A - DÉFAUTS DUS A LA STRUCTURE MÊME DU BOIS
1°) Présence d'aubier. Nous avons dit précédemment que, d'une
façon générale la. Valeur de l'aubier comme bois d'oeuvre était en raison
inverse de la valeur du bois parfait. Nous pouvons donc considérer la présence
d'aubier d'ailleurs inévitable, comme un défaut. Cependant l'aubier du sapin, de
l'épicéa et du peuplier équivaut à peu près au bois parfait. L'aubier du
châtaignier et celui du robinier faux acacia sont préservés par des substances
naturellement antiseptiques et peu solubles dans l'eau (tannin, robinine) qui
assurent leur conservation.
2°) Les noeuds du bois. Les noeuds sont constitués par des
branchements dont il ne subsiste que la base par suite de la chute du rameau. La
portion du rameau qui subsiste est ultérieurement recouverte par les formations
annuelles.
Il résulte de cette origine que la plupart des noeuds ne peuvent se
déceler par un examen extérieur du tronc. Ne pouvant les prévoir, il est
impossible d'appliquer un mode de débit propre à les éviter.
Les 3 causes de formation sont les 3 formes de disparition des branches à
savoir
- élagage naturel
- bris accidentel
- taille ou élagage
artificiel
a) Élagage naturel - Les branches des plus jeunes arbres
s'étagent depuis la base, provenant des bourgeons axillaires qui
se sont produits dès le début de la végétation. Les branches du bas s'étiolent,
meurent et tombent tandis que d'autres se développent à un niveau plus élevé.
Les traces sont recouvertes par des bourrelets cicatriciels, puis de nouvelles
couches de bois.
Les noeuds formés ainsi se retrouvent donc à l'abattage dans
le coeur, au voisinage même de la moelle. A côté des bourgeons axillaires qui se
sont développés d'autres sont restés inactifs, à l'état de
bourgeons
dormants (ou bourgeons proventifs).Ils peuvent
rester ainsi à l'état latent durant de longues années et, lorsqu'une cause
accidentelle leur fournira l'occasion, au niveau d'une branche qui disparaît par
exemple, ou à la suite de la coupe d'arbres voisins, ces bourgeons vont se
développer. Ils 'seront donc la cause d'existence de noeuds aussi profonds que
ceux qui résultent des bourgeons axillaires. Ils vont aussi jusqu'à la moelle et
se prolongent plus près de la périphérie. (Voir figures 1 et 2) .
Nous trouverons beaucoup de ces noeuds provenant de bourgeons dormants
chez le hêtre et le bouleau (où les bourgeons dormants ont une vitalité d'une
vingtaine d'années) chez le chêne et le charme (jusqu'à 80 ans) chez le tilleul
les érables.
Enfin les bourgeons adventifs peuvent aussi donner des
rameaux et, par conséquent, provoquer la formation de noeuds. Mais ces bourgeons
qui se forment sur tous les tissus de cicatrisation, donc sur les bourrelets de
recouvrement des blessures et coupures, sont tout à fait superficiels et n'ont
aucune relation avec la moelle.
b) Élagage accidentel - Le processus de formation est le même
lorsque les branches sont brisées accidentellement, à cette différence près
qu'il s'agit souvent de branches importantes.
c) Taille ou élagage artificiel - La taille pratiquée pour
provoquer une production déterminée (fruits, fleure,
ombrages, augmentation
de la longueur du fût ou la mise en forme de celui-ci) détermine un
développement de bourgeons proventifs et adventifs. Le danger peut résider dans
une cicatrisation insuffisamment rapide permettant l'installation de
champignons.
Dans la formation par suite de l'élagage naturel, la branche qui
va disparaître s'emplit au cours de son dépérissement de tannes ou de résines
qui durcissent et colorent la partie qui subsistera dans le tronc.
Forme de noeuds du bois. La forme sous laquelle apparaissent les
noeuds dépend du débit et de l'orientation du trait de scie par rapport à la
branche:
circulaires ou ovales dans le défait tangentiel (sur dosse)
ils se présentent sous forme de noeuds plats dans un débit radial (sur
mailles).
Dimensions - Le diamètre, variable suivant l'importance de la
branche dont ils sont issus entre en ligne de compte dans la classification des
pièces de bois. On peut considérer comme .:
- très petits, ceux qui ont moins de 5 mm de diamètre 1'oeil de
perdrix par exemple).
- petits, de 5 à 15 mm de diamètre
- moyens, de 16 à 25 mm de diamètre
- gros, de 25 à 40 mm de diamètre et plus.
Types - Les branches étant vivantes ou mortes au moment de
l'abattage, nous aurons des nœuds morts, ou des nœuds vifs. Dans
les nœuds morts, il faudra distinguer entre ceux qui sont plains et
adhérents aux couches voisines et ceux qui sont altérés ou susceptibles de se
séparer facilement du bois environnant (nœuds bouchons des
résineux).
Les nœuds vivants sont adhérents au bois, mais très souvent ils se fendent
au séchage. Ils sont parfois (assez rarement à vrai dire) recherchés en placage
pour fournir un élément décoratif.
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Fig. 1 - Formation des nœuds
a) nœuds provenant de l'élagage de rameaux latéraux qui se sont développés
dans le jeune âge de la plante.
h) nœud provenant d'un rameau adventif, c'est à dire né du développement
d'un bourgeon dormant.
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Fig. 2 - Coupe longitudinale d'une tige
âgée de 12 ans, montrant en
a deux bourgeons dormants dont l'axe b,
est perpendiculaire à l'axe principal.
Un bourgeon c, s'est développé depuis déjà deux années.
En d, nous voyons une pousse qui s'est développée depuis la première
année.
En e, une pousse développée des la première année s'est altéré et
brisée.
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Fig. 3 - Une branche est sur le
point
de se détacher suivant le processus normal de l'élagage naturel.
La
rupture s'effectuera en a, à la base de la branche, au niveau d'une zone de bois
devenue brun noirâtre, par
altération.
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Fig. 4 - Après une chute de branche
effectuée par
le processus naturel nous voyons en a le tronçon de bois mis
à nu par la
chute du rameau
Il sera peu à peu recouvert par un bourrelet de
cicatrisation.
En b, nous voyons une zone brunie qui sépare la partie vivante c, de
celle qui est morte a
en d, nous avons un bourgeon dormant. Souvent les bourgeons dormants
placés comme celui?ci dans le voisinage d'une branche élaguée se
développeront.
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Les nœuds morts sont parfois éliminés (on dit que le bois est purgé des
nœuds). Ce sera le cas pour les nœuds noirs et les nœuds jaunes qui ont une
couleur cannelle et sont le siège dune pourriture sèche assez grave.
Lorsque de grosses branches se sont trouvées brisées accidentellement, les
bourrelets formés par le cambium n'ont pas pu recouvrir complètement le bois
déchiqueté et, l'humidité aidant, une altération se développe. Une cavité se
creuse, accompagnée parfois d'une altération des bourrelets eux mêmes. C'est la
forme caractéristique des "nœuds gouttière".
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fig. 5 - Dans la bris accidentelle d'une branche de
quelque importance, les bourrelets de cicatrisation sont parfois attaqués par
l'humidité, les champignons, avant d'avoir pu recouvrir la partie détériorée.
Le bois s'altère et l'ouverture reste béante, plus ou moins cerclée par un
bourrelet attaqué lui aussi le plus souvent.
Un tel nœud est nommé nœud gouttière
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Inconvénients. Les inconvénients des nœuds sont d'ordre
esthétique physique, mécanique et technologique .
L'uniformité d'un panneau est détruite par la présence d'un ou plusieurs
nœuds dont la teinte est généralement plus foncée et qui troublent l'ordonnance
du veinage. Il est vrai que l'on peut parfois faire usage en placage de cet
accident dont la répétition peut constituer un élément décoratif. Ces effets
sont, malgré tout limités.
Au point de vue physique, la dureté des couches annuelles correspondantes
n'est pas la même dans les branches et dans le tronc ( elle est moindre dans
celui?ci). Le retrait est plus important aussi dans les branches que dans le
tronc. Le séchage s'accompagnera donc souvent de forts retraits dans les
parties noueuses, d'où fentes ou même séparation totale
du nœud.
La résistance mécanique est également très fortement diminuée au niveau
des nœuds (danger de rupture), particulièrement pour les résineux.
Mais du
point de vue utilisation, la différence de dureté est encore plus
particulièrement gênante :
- difficulté de travail manuel et mécanique.
Usure
différente des parties noueuses et des parties lisses (parquets, marches
d'escalier en sapin) donnant rapidement des saillies accentuées.
- difficulté de clouage.
3°) Bois gras et creux. Les bois ayant poussé dans des lieux
marécageux présentent souvent lorsqu'ils sont secs une structure poreuse
marquée. Leur pores larges et ouverts ne permettent pas de les employer pour des
travaux extérieurs. C'est le cas d'arbres poussent dans certaines régions
d'Alsace, dans les îles du Rhin (Chênes dits "de Hollande"). Ils sont valables
pour la belle menuiserie intérieure l'ameublement dans la mesure où ils ne sont
pas attaqués par les insectes (notamment le capricorne ).
B - DÉFAUTS DANS LA FORME GÉNÉRALE DES TIGES
La forme idéale pour l'industriel est évidemment le cylindre droit. Nous
avons: vu que le régime de la futaie tendait à donner aux arbres cette forme
forestière idéale.
Cependant on constate souvent des défauts de
forme.
1°) Accentuation de la forme tronconique. La décroissance du
diamètre de la base au sommet d'un arbre est plus rapide pour les arbres isolés
on en lisière de forêt que pour les arbres de futaie.
2°) Courbure des tiges. Certaines courbures ont une origine
héréditaire mais le plus souvent la courbure d'un tronc a une cause
accidentelle: poids de la neige, vent dominant, voisinage d'un mur élevé,
d'un bâtiment? L'éclairement a également une influence.
Les arbres ayant une
courbure accentuée sont dépréciée. Autrefois, on recherchait certaines courbures
naturelles pour la construction navale.
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3°) Les tiges fourchues. Un arbre poussant normalement présente un
tronc s amincissant jusqu'au bourgeon terminal qui assure l'accroissement en
longueur. Si ce bourgeon terminal est détruit accidentellement, l'arbre sera
fourchu. Ce défaut sera fréquent dans certaines espèces ( le hêtre notamment
).
La fourche peut se former aussi par soudure (greffe naturelle) de deux
grosses branches.
Nous trouverons souvent dans la fourche un défaut que nous
décrivons un peu plus loin : l'entre écorce.
Les déviations de fibres
résultant de la fourche et d'une façon générale de toute naissance de branche
donnent un bois très sujet aux déformations en cours de séchage.
Mais on peut rechercher en placage ces dessins produits par le veinage des
fourches (qu'il s'agisse des gros embranchements ou de l'enracinement proche du
tronc) qu'on utilise souvent sous le nom de ronce.
C - DÉFAUTS PROVIENT D'ANOMALIES DANS LA FORMATION
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1 - Excentricité du cœur
On constate ce défaut :
. chez les arbres qui ont poussé sur
des
pentes rapides.
. chez ceux qui poussent en lisière
de fort.
. chez ceux qui sont soumis à des
vents dominants.
En somme ce défaut apparaît lorsque la cime ou les racines ont des raisons
de se développer plus d'un côté que de l'autre.
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Les couches concentriques sont de largeur variable : d'un côté amincies
et, de l'autre élargies.
- la partie mince des cernes est constituée par un bois à forte
contexture, tandis
- que la partie large est formée d'un bois
filandreux, peu lignifié, de valeur médiocre.
Ces bois se déforment
tellement au retrait qu'ils doivent être exclus de toute fabrication
soignée.
2 - Irrégularité des couches annuelles. Si toutes les circonstances
qui accompagnent la formation du bois sont constantes d'un bout à l'autre de la
vie d'un arbre les cernes annuels sont d'épaisseur régulière et constante. Mais
ces circonstances sont nombreuses, terrain, climats, ensoleillement en
particulier.
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Nous avons vu que dans le régime de la futaie pleine on s'approchait de
ces conditions idéales mais que l'exploitation en taillis sous futaie donnait
des produits tout à fait différents (revoir les figures 17 - 18 - 19 - et 20 de
la première leçon).
Ce défaut se traduit en pratique par un travail moins facile,
du gauchissement et une tendance à la fente.
Mais en placage
sur dosse l'inégalité des accroissement produit in effet décoratif notamment
pour le frêne et l'orme ( le pitchpin et le pin également au cas de débit sur
dosse massif.)
3 - Cannelure du tronc. C'est un caractère spécifique pour le
charme (dont les cannelures sont accentuées) l'aubépine,
l'if. Ce défaut n'altère pas les ?qualités du bois lorsqu'il est
accidentel, chez l'épicéa et le hêtre par exemple. Il fournit au contraire des
veinages tourmentés utilisables en décoration.
4 - Veines résineuses. La cicatrisation de petites blessures
répétées et vite cicatrisées peut provoquer chez certains résineux : épicéa
douglas (ou pin d'Oregon), mélèze, pin, une surabondance de la sécrétions
résineuse qui n'est plus seulement contenue dans les cellules résinifères, mais
remplit des poches assez importantes. Le bois présentant ce défaut n'est
pratiquement pas employable en menuiserie ou en
ébénisterie.
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5 - Entre - écorce
Dans le
régime du taillis on peut trouver des fourches résultant de la soudure par
greffe naturelle de deux rejets ayant poussé sur la même souche.
On verra
alors en coupe transversale les deux cœurs et, dans la zone de soudure, des
morceaux d'écorce qui sont restés englobés.
Au bout d'un certain temps, des
formations enveloppent l'ensemble. On rencontre aussi da a l'entre ?écorce à la
base des fourches formées par les grosses branches dans le cas signalé au n° 3
paragraphe B dans cette leçon (les tiges fourchues).
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D - DÉFAUTS DUS A LA DISPOSITION DES ÉLÉMENTS DU BOIS
Un bois "de fil" est un bois dans lequel (à L'exception des
rayons) tous les éléments: vaisseaux, fibres sont disposés parallèlement à
l'axe.
On peut trouver des anomalies dans cette ordonnance. Ce sont les
fibres torses, les fibres ondulées, le contre fil, les madrures, les broussins
et les loupes.
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1°)- Torsion des fibres. Les secteurs fibro-vasculaires (ou
libéro-ligneux voir leçon 1°) ne sont pas toujours verticaux dans l'arbre sur
pied. Ils sont parfois disposés suivant une hélice d'inclinaison variable
avec les essences et les conditions de végétation.
On voit fréquemment ce phénomène en observant un tronc de lilas. Les
gerçures qui affectent l'écorce traduisent la structure spiralée de la masse
ligneuse.
C'est donc un défaut très visible sur l'arbre vivant. On le rencontre
assez fréquemment (outre le lilas où il est très courant) dans les arbres
fruitiers (prunier et poirier, notamment), chez l'épicéa, le pin,
le sapin, le charme, le marronnier, et parfois
chez le chêne.
On attribue ce défaut à une croissance longitudinale trop vive des
cellules périphériques après l'arrêt de la croissance en longueur du centre de
la tige.
En somme les couches externes se comportent un peu, par rapport au
centre, comme la tige du haricot grimpant par rapport à son tuteur.
Les bois tors sont impropres à la fente et présentent une très
faible résistance à la flexion.
Ils se rabotent mal. Ils sont impropres à
l'assemblage.
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2°) Fibre ondulée. Nous avons signalé les déviations des fibres
dans les fourches. Les bois prélevés, en placages, dans ces zones sont souvent
recherchés pour les effets de veinage que l'on peut en tirer.
On trouve également ces fibres dans l'attache des grosses racines au
tronc.
Mais il arrive aussi que dans certaines espèces de nos forêts érable,
bouleau, hêtre et beaucoup plus fréquemment dans les espèces tropicales, les
fibres sont disposées suivant une ligne sinueuse par rapport à l'axe de l'arbre.
Lorsque ce défaut se combine à une certaine dureté, il donne des bois qui se
déforment beaucoup au séchage, qui sont difficiles à usiner et à polir, mais
leur aspect moiré (avodiré, movingui, érable, acajou) les fait rechercher
en
ébénisterie et en lutherie.
3°) Contre-fil. C'est un défaut voisin du précédent. Les éléments
fibrovasculaires sont orientés tantôt dans un sens tantôt dans un autre par
rapport à l'axe de l'arbre. Ce défaut est fréquent dans les bois
tropicaux. On n'en connaît pas la cause de façon certaine. Le climat doit
malgré tout jouer un rôle important dans sa formation car le contre-fil est plus
rare dans nos bois de pays.
Les bois à contre-fil sont difficiles à travailler, spécialement aux
machines, et à polir; mais présentent des qualités décoratives. Le contre-fil
caractérise les bois rubanés, satinés (acajou, ébène de Macassar,
sapelli, niangon).
4°) Bois madré. On appelle ainsi un bois dont les éléments
constitutifs sont enchevêtres en tous sens.
On en trouve en général à la
base du fût, à la naissance des grosses branches, dans les
tissus de cicatrisation des blessures, au voisinage des loupes et des
broussins.
5°) Broussins et Loupes. Ce sont des excroissances anormales des
espèces de tumeur végétales, à l'aspect différent:
- le broussin a une surface rugueuse
- la loupe a une surface lisse.
Les loupes peuvent atteindre de très fortes dimensions. La cause de
formation ne semble pas non plus la même pour les loupes et les broussins.
Les broussins sont formés de bois aux fibres enchevêtrées: en tous
sens entourant des petites taches foncées qui proviennent de bourgeons
arrêtés en cours de développement. On constate la présence de nombreux
broussins dans le bouleau de Norvège où des froids brutaux peuvent arrêter
brusquement le développement déjà commencé de bourgeons adventifs. Mais des
broussins peuvent aussi se former dans une zone irritée : chocs répétés, taille
ou élagage, incendies de forêts renouvelés, peut?être attaque de certains
insectes. Les broussins du thuya du Maroc ont probablement comme origine
l'irritation produite par des feux de broussailles.
Les broussins sont utilisés en décoration sous des noms divers : bois
pommelés, bois mouchetés (érable) et sont parfois confondus avec les loupes (
cas du thuya par exemple).
Les loupes sont en quelque sorte des tumeurs végétales, parfois
très importantes, provenant d'une activité désordonnée du cambium. Les
traumatismes répétés, la taille (arbres exploités en têtard des irritations
locales comme les morsures de rongeurs, des attaques d'in sectes ou de
champignons, peuvent être à l'origine des loupes. Le
bois d'une loupe offre
un intérêt décoratif. La vogue des loupes de bouleau, d'érable, de frêne, de
noyer, d'orme et, surtout, d'amboine et de maïdou est tout de même beaucoup
moins forte qu'il y a une trentaine ou une quarantaine
d'années.

II - DÉFAUTS DUS A DES
CAUSES EXTÉRIEURES
A - CAUSES CLIMATIQUES
Le froid, la chaleur et la sécheresse, le vent, la foudre, la neige et
la pluie peuvent, par leurs excès, provoquer l'apparition de certains défauts
importants.
Le froid intense provoque des gélivures, des roulures et n'est pas
étranger à l'apparition de certaines maladies
physiologiques.
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1°) La gélivure

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La gélivure se produit principalement
lorsque le froid survient très brutalement après une période relativement douce.
Ainsi un froid très brutal (au dessous de ? 15°) s'établissant après un période
douce au mois de février risquer de provoquer plus de gélivures qu'un froid mémo
intense établi progressivement à saison normale.
L'éclatement se fait suivant un rayon médullaire, après un
gonflement dû au gel de la sève dans tout le tronc.
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Il est souvent accompagné de petits éclatements secondaires. Un
liquide noirâtre s'écoule le plus souvent et la gélivure qui se referme après le
froid risque de s'ouvrir a nouveau l'hiver suivant. Les bourrelets de
cicatrisation forment une cannelure très apparente sur l'écorce. Le bois donne,
sous le marteau, un son sourd, indice d'altérations produites par des
infiltrations d'eau. Les bois atteints de gélivure (assez souvent le chêne,
l'orme, le peuplier, le noyer) sont difficilement
utilisables.
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2`) Roulure

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C'est une séparation de deux couches consécutives annuelles
qui ne sont plus adhérentes. Elle peut être partielle ou totale (figure
13).
La roulure se trouve souvent combinée dans un arbre avec des gélivures
ou avec des fentes, partant du cœur de l'arbre : les cadranures.
La roulure
est souvent provoquée par un hiver très rigoureux. Le cambium est
désorganisé et ne produit qu'un tissu dans solidité. Lorsqu'il aura repris
sa vigueur ou qu'il se sera reformé, la formation de l'aubier redeviendra
normale, mais ce nouveau bois sera séparé du bois antérieurement formé auquel il
ne se soudera pas.
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La roulure se rencontre aussi dans des bois tropicaux. Elle est
produite dans ce cas, par un vent violent qui détermine des effets
mécaniques de balancement et de torsion. La roulure se présente parfois sur
toute la longueur du tronc. Un bois roulé est à peu près
inutilisable.
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3°) Fentes de sécheresse - Coups de soleil. Il faut
distinguer entre la fente de sécheresse ou coup de soleil qui se produit dans
les arbres sur pied et la gerçure qui apparaît sur des bois abattus, parfois
débités, au cours d'un séchage trop rapide.
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Les coups de soleil produisent des fentes de l'écorce (à
l'exposition sud-ouest, notamment ). Ces fentes se prolongent jusque dans
l'aubier. La cicatrisation se fait, mais l'accroissement en épaisseur du bois
devient irrégulier et la cicatrisation n'étant jamais très bonne on peut avoir
des écoulements gommeux ou résineux, du brunissement du bois. Il ne faut
cependant pas confondre une fente de sécheresse avec une gélivure, cette
dernière étant toujours accompagnée d'un bourrelets qui n'existe pas dans la
fente de sécheresse ou la gerçure.
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4°) Fissures internes: Les fissures internes peuvent avoir des
causes variées. Ce sont des décollements des faisceaux fibreux provoqués par des
efforts anormaux, coups de vent violents, poids de la neige, du
givre, ou du verglas, effets de la foudre pouvant aller de simples
sillons dans l'écorce à l'éclatement à peu près total. Le choc d'un arbre sur le
sol au moment de l'abattages, peut aussi déterminer des fissurations. Les
fissures internes se décèlent particulièrement au son. Elles diminuent très
fortement les caractéristiques mécaniques.
5°) Cadranure. Cœur étoilé. Ce sont des fentes radiales partant du
cœur. On les rencontrera dans les arbres vétustes. L'arbre cadrané est
très déprécie voire même sans valeur comme bois d'œuvre si les cadranures sont
importantes..
Quand l'arbre est jeune et vigoureux toutes les couches annuelles sont
vivantes et humectées de sucs de la plante. Quand il vieillit, le cœur se
dessèche et ses couches éprouvent un retrait produisant des
fentes en étoile cœur étoilé, au premier stade de la dessiccation) qui
vont en s'accentuant au centre, et s'amincissent vers la
périphérie.
La branche a été figurée en coupe longitudinale pour montrer les
racine
du parasite et les coins qu'il enfonce dans le bois
parasité.
B - ACTION DES VÉGÉTAUX PARASITES
Les végétaux susceptibles de produire une altération des bois en forêt
après l'abattage et même durant la mis en oeuvre sont surtout des champignons
provoquant des échauffures ou des pourritures. Nous en parlerons dans la leçon
prochaine.
Mais quelques plantes peuvent aussi vivre en parasites sur le bois
(comme le gui) ou bien gêner le développement des arbres (plantes
sarmenteuses ou lianes ).
1°) Le gui. Les diverses espèces de gui causent, en somme assez
peu de mal aux bois feuillus ( sauf peut-être au pommier et au peuplier)
parce qu'elles se fixent surtout sur la cime, mais elles peuvent causer des
dégâts beaucoup plus importants chez les résineux, les racines traçantes
se développant alors, jusque dans le
tronc.
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La branche a été figurée en coupe
longitudinale pour montrer les racine du parasite et les coins qu'il enfonce
dans le bois parasité.
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En principe le gui peut s'implanter et se développer sur tous les
feuillus, sauf le hêtre et l'orne. Mais il est très rare sur l'aune, le charme,
le châtaignier, le frêne. On le trouve fréquemment par contre sur les
fruitiers, le peuplier, l'acacia; l'érable.
Le gui détourne une partie de la sève et nuit à la végétation sans
cependant tuer les arbres. II n'est en effet que demi parasite (ayant de la
chlorophylle lui permettant d'assimiler le carbone). Aussi bien les dégâts
causés par le gui sont plus techniques que physiologiques. La transmission se
fait surtout par les oiseaux qui transportent d'un arbre à un autre les baies
gluantes contenant les graines. Une graine, en germant émet un suçoir principal
qui s'enfonce et traverse l'écorce. Il se produit alors des cordons
latéraux sur lesquels prennent naissance de nouveaux suçoirs de
forme conique, (figure 17).
A l'abattage le bois ainsi atteint se
révélera perforé comme une écumoire par les traces de ces suçoirs. Il est
impropre à l'usage industriel.
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2°) Plantes sarmenteuses

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Genre de déformations produites
par
l'enroulement des plantes
sarmenteuses autour des jeunes
arbres.
(ici
le chèvrefeuille sur une
jeune tige de chêne) .
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Les plantes sarmenteuses nuisibles, sous nos climats, sont principalement
: le lierre, le chèvrefeuille des bois et les clématites.
Dans les pays tropicaux des lianes de toutes sortes provoquent des dégâts
beaucoup plus considérables.
Les plantes sarmenteuses entourent les tiges
des jeunes arbres en voie de croissance et en gênant leur développement,
provoquent des réactions de cambium. Un bourrelet plus ou moins volumineux se
forme (fig. 18). C'est donc au stade forestier que se place l'étude des dommages
causés par ces plantes.
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3°) Chaudron ou dorge

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Chaudron ou dorge et balais de
sorcière. |
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On désigne sous le nom de chaudron(dans les Vosges) ou de dorge (dans le
Jura) une sorte de tumeur ligneuse des sapins. Le renflement caractéristique est
variable d'aspect : annulaire ou en boule. Lorsqu'il s'ouvre il peut être
attaqué par un champignon en provoquant l'altération.
A l'apparition d'un
chaudron, une petite touffe de branches vertes le balai de sorcière se
manifeste. Puis le balai de sorcière disparaît et le chaudron
s'accroît.
Il faut éliminer, pour l'usage industriel, la partie atteinte qui
est modifiée dans sa couleur (rougeâtre) et dans ses propriétés mécaniques.
4°) Le chancre. Les chancres des arbres (spécialement des arbres
fruitiers et du hêtre, mais aussi du platane, du peuplier) peuvent avoir des
causes assez diverses. Ils se greffent souvent sur une blessure
pour
laquelle s'incrustent soit des bactéries, soit des champignons, soit
même des insectes (puceron lanigère du pommier par exemple). Le chancre peut
aussi s'établir à la suite d'une détérioration locale
due au
froid.
Un chancre se traduit d'abord extérieurement par l'altération de
l'écorce (brunissement, décollement) qui laisse à nu un bois altéré. Les
bourrelets de cicatrisation, attaqués par le, parasite, n'arrivent pas à
refermer la plaie. Ils meurent eux-mêmes au bout d'un certain temps. Si la plaie
arrive à faire le tour de l'arbre, celui?ci meurt bientôt.
La destruction par
les bactéries s'accompagne souvent d'un écoulement noirâtre(pour le peuplier en
particulier).
Les parties de l'arbre touchées par le chancre sont tout à fait
inutilisables.
5°) La rouille césiculeuse. C'est une altération des résineux qui
se traduit par une sécrétion surabondante de résine. Il semble que la couche
génératrice (cambium) soit atteinte par un champignon ou des bactéries. La
résine imprègne totalement, le bois, suinte sur le tronc et se coagule en
plaques noirâtres. Le bois est inutilisable.
C - LES BLESSURES
Les blessures sont la conséquence des accidents multiples auxquels les
arbres sont exposés.
On peut citer :
- 1. les détériorations produites par les animaux.
- 2. les blessures
d'élagage.
- 3. les frottures
- 4. les marques diverses, les brûlures
- 5. l'inclusion de corps étrangers
- 6. les accidents d'abattage et de
débit.
Lorsqu'un arbre sur pied est blessé, une réaction de cicatrisation se
produit. Son efficacité dépend de la vigueur du sujet, mais aussi de
l'importance et de la nature de la blessure. Certaines blessures ?(morsures) ?
se cicatrisent très mal et sont alors souvent infestées par des bactéries ou des
champignons (formation de chancre).
La cicatrisation d'une blessure comporte
en somme deux aspects :
- un aspect physico-chimique: dessiccation de
la partie blessée, puis imprégnation de cette zone par du tanin et des résines,
formant une crotte imperméable de protection.
- puis une prolifération
due à l'activité du cambium.
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C'est la formation des bourrelets de cicatrisation (fig.20) qui vont peu à
peut recouvrir toute la surface lésée. Mais, même dans ce cas favorable il n'y a
pas de soudure parfaite des tissus nouveaux aux anciens et ces tissus nouveaux
ont une structure irrégulière (ils sont madrés ou ronceux).
1°) Détérioration produites par les animaux. Les cerfs,
daims, chevreuils peuvent causer certains dégâts dans la forêt,
surtout au stade du perchis, lorsqu'ils fraient leur tête, avec leur
bois.
Les lièvres rongent les écorces, à la buse, en temps de
neige
Les lapins broutent les jeunes semis.
Les écureuils causent des dégâts aux sapins, épicéas et hêtres dont
ils creusent les écorcent jusqu'au bois.
Les campagnols détruisent des semis, l'écorce des jeunes brins, et
apparaissent parfois par véritables invasions.
Le pic vert est plutôt
utile puisque c'est un oiseau insectivore
Il semblerait cependant que
certains arbres, sains, soient parfois détériorés par des piqûres régulières
faites par le pic vert, peut être pour absorber certaines sécrétions sucrées
(comme celles du tilleul par exemple).
Nous étudierons à part les attaques des insectes.
2°) Les blessures d'élagage. Ce danger des plaies d'élagage, qu'il
s'agisse d élagage naturel, artificiel ou accidentel, et leur transformation en
"gouttière" (ou nœud gouttière, encore appelé abreuvoir ou œil de bœuf - voir
plus haut).
3°) Les frottures. Sont des arrachements plus ou moins importants.
Elles peuvent se produire lors de la chute d'arbres voisins, lors du traînage
d'un tronc abattu, par le frottement des essieux des engins de débardage, par
des avalanches de rochers sur les pentes de montagne. Ces blessures se
cicatrisent très difficilement. On peut cependant faciliter cette cicatrisation
en "blanchissant" la région lésée, par une coupe nette qui sera ensuite passée
aux produits goudronneux végétaux (mastic à base de goudron de Norvège).
4°) Marques et brûlures. Les marques dans les écorces, les
empreintes du marteau des forestiers qui désignent les arbres réservés ou à
abattre sont en général minimes, mais sont cependant indélébiles. Les cassures
qui se présentent sous un aspect déchiqueté sont très difficilement
cicatrisables.
Les brûlures peuvent avoir pour cause des feux de bûcheron qui
ont léché des écorces, des feux localisés de forêt, ou même l'action du soleil
sur les écorces encore minces de jeunes arbres qui se trouvent
soudain
dégagés par la coupe des arbres voisins.
La cicatrisation de brûlures sur de
jeunes hêtres, érables ou Charme se fait très mal.
5°) Les corps étrangers. Les clous cavaliers avec lesquels on a
fixé une clôture, les clous enfoncés par des enfants, les treillages ou fils de
fer utilisés pour le tuteurage et qu'on n'a pas enlevé à temps peuvent se
trouver enfermés par des déformations de bois qui les ont recouverts.
J'ai vu
personnellement dans un débit de hêtre, un petit isolateur de porcelaine, semant
à l'établissent de lignes téléphoniques en,temps de guerre. On a pu déterminer
la date (1917) à laquelle cet isolateur avait été fixé sur l'arbre, vingt ans
avant l'abattage de celui-ci.
Les corps étrangers dangereux pour les outillages comme pour les ouvriers,
sont les balles de fusil, les éclats d'obus surtout, qu'on risque de rencontrer
dans les arbres provenant de forets du Nord et
de l'Est de la France où l'on
s'est longuement battu pendant la guerre 1914 ? 1918. On utilise des détecteurs
magnétiques dans les scieries pour sonder les troncs avant leur passage au
ruban
ou avant le tranchage et le déroulage.
6°) Accidents d'abattage et défauts se présentant au
débit
Lorsque un arbre tombe brusquement sur un sol dur et inégal, sa
chute en porte à faux peut provoquer des fissures plus ou moins importantes, qui
déprécient toujours la grume.
Au moment de la chute de l'arbre, alors que celui?ci bascule grâce à
l'entaille faite du côté où doit se produire cette chute, certains éléments
peuvent rester attachés à la souche, provoquant une cavité irrégulière à la base
de la grume. Pour éviter le trou
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d'abattage ou tout au moins le réduire il faut
activer la coup au moment de la chute.
Lorsque les grumes restent en forêt après l'abattage, elles risquent de se
fendre par suite du retrait circonférenciel.
Heureusement l'écorce (qu'il ne
faut pas enlever tout de suite sauf nécessité absolue) constitue un obstacle à
une dessiccation trop rapide.
Le débit plus ou moins oblique du bois par rapport aux éléments orientés
parallèlement à l'axe donne des bois dont les qualités mécaniques peuvent 'être
diminuées
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Il en est ainsi des bois à fil tranché ou à fil contre
taillé. Un bois est à fil tranché lorsque le fil se présente obliquement par
rapport à une face de la pièce (figure 21).
Le fil est dit contre taillé
lorsqu'il est oblique par rapport à deux faces de la pièce.
Les pièces
obtenues à partir d'un tronc courbé ont également leur fil tranché en biais par
le sciage.
Dans tous ces débits, les bois prendront au séchage des
déformations importantes.
Ces en fonction des défauts étudiés dans cette leçon
qu'on a pu établir un classement des bois par qualités. Nous donnerons une idée
de ce classement après la 3 ème leçon consacrée aux altérations.
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